Un grand colloque l’IRELP
« De la diversité des appartenances à l’unité des convictions dans la Libre Pensée ».
L’IRELP a décidé un certain nombre d’initiatives pour célébrer le 20e anniversaire de sa fondation. Toutes ces initiatives ont comme point commun de ne pas commémorer un passé plus ou moins nostalgique, mais de projeter nos réflexions et nos actions dans le présent et dans le futur. L’IRELP n’est pas un collectionneur de vieux papiers mais un centre de recherches.
Ainsi, le 22 juin 2019, dans les locaux de la Maison de la Vie Associative du 13e arrondissement (que nous remercions chaleureusement), s’est tenu un colloque international de l’IRELP sur le thème général « de la diversité des appartenances à l’unité des convictions dans la Libre Pensée ». Il constituait le premier des quatre volets de l’anniversaire avec l’appel international dont nous parlerons plus bas, le Livre d’Or réunissant vingt exemples de nos activités et le livre de synthèse sur l’histoire de la Libre Pensée (parution prévue fin 2019).
Disons-le nettement, ce fut le colloque le plus abouti intellectuellement de tous les colloques organisés par l’IRELP depuis sa fondation ; car bien plus que d’accumuler des connaissances, ce qui est essentiel, toutes les communications, chacune à sa manière, et encore plus par leur accumulation, étaient tournées vers une réponse, évidemment formulée différemment, à la question du colloque qui est ce qui constitue la Libre Pensée. De ce fait, elles ouvraient un champ de recherches nouvelles. Le refus des dogmes ne peut être exprimé d’une seule manière, car si la méthode est une, comme nous l’a appris la Charte Buisson du Congrès de Rome de 1904, formuler une seule réponse, considérer une seule appartenance nous ramènerait au dogmatisme.
Il est bien difficile de résumer une journée de discussion et les conclusions que l’on peut en tirer. Seule la lecture des Actes que nous préparons livrera bien mieux que ces lignes la richesse de ce colloque qui constitue, assurément, un tournant dans la vie de l’IRELP.
Dans son allocution d’introduction, Jean-Sébastien Pierre, Président de la Fédération nationale de la Libre Pensée et, à ce titre, naturel président du colloque, indiquait l’importance de l’IRELP dans le dispositif de la Libre Pensée, comme, à la fois, pourvoyeur de munitions documentaires et interface avec le monde scientifique et historiographique. Cet échange permanent entre la FNLP et l’IRELP, l’IRELP et le monde des chercheurs renforce chacun des partenaires, donc nous-mêmes.
Nous avions décidé que la parole serait d’abord donnée à de jeunes administrateurs de l’IRELP, car la nouvelle génération que nous cherchons à gagner dans nos équipes de travail doit être en confiance et cette confiance va faire venir à l’IRELP d’autres chercheurs soucieux de dialogue et de recherches. Confiance méritée.
Chronologie oblique, ce fut « Jean-François Varlet, Enragé sous la Révolution, libre-penseur en 1830 » qui a été le premier thème traité, car ce révolutionnaire de 1793 fut au confluent des organisations ouvrières de 1830, de la défense de la République et de la propagation des idées libre-penseuses. Après la Révolution de Juillet, « à son retour à Nantes à l’automne 1830, il publie une brochure qui a pour titre : Le Pater Noster d’un Libre Penseur, dédié aux Mânes de Voltaire ». Minah Yesfsah intervint avec talent et efficacité sur ce sujet.
D’un individu à un groupe, on voit que l’unité et la diversité étaient au rendez-vous sur tous les plans de la Libre Pensée. Ainsi, « Les parlementaires de Seine-Inférieure et la Libre Pensée », différents sur tellement d’aspects, mais se reconnaissant tous notamment dans la Loi de 1905, fut le sujet de la communication de Ryad Bendif,égalementadministrateur de l’IRELP, qui présenta l’état de ses recherches à ce sujet.
Nous avons réparé une injustice, car l’action libre-penseuse sous tous les plans, y compris anti-militariste de Jean Zay (est incontestablement méconnue pour ne pas dire cachée ; pensons aux régulières polémiques quand La Raison publie « Le drapeau » ! François Marlin, docteur en histoire et biographe de Jean Zay, s’acquitta de cette mission avec le brio permis par l’extrême connaissance du spécialiste.
Il était indispensable de non seulement saluer la mémoire du camarade et ami « Le libre-penseur Marc Blondel » mais, d’une certaine manière, surtout d’indiquer comment le syndicalisme est indissociable du refus. On ne peut pas être syndicaliste sans « être rebelle » ; on ne peut-être libre-penseur non plus. Qui d’autre que Jean Jayer pouvait prononcer une communication sur ce sujet ?
Ces lignes, bien minces, donnent une idée déjà forte de la richesse à la fois méthodologique et substantielle de la matinée mais que dire de la séance de l’après-midi ?
« La théorie Évolutionniste et l’idée libre évolutionniste en Russie dans le passé et dans le présent » fut le sujet que notre ami Mikhail Konashev, de l’Union de Saint-Petersbourg des savants traita, alors que l’on sait comment le dogmatisme s’est acharné en URSS puis en Russie sur la recherche libre, notamment en biologie.
Présentant également l’état de ses recherches, Laura Pettinaroli à propos du « moment prolétarien de la libre pensée française (années 1920-1930) » exposa de manière détaillée une question qui est tout sauf marginale : l’instrumentalisation de la méthode de la Libre Pensée par un Parti (ici le PCF) tue la Libre Pensée parce qu’il n’y a plus diversité des appartenances. D’ailleurs, avec la fusion de la Libre Pensée « prolétarienne » dans la Fédération nationale de la Libre Pensée en 1936, les animateurs de la première disparurent de l’activité libre-penseuse. Tout au contraire, la FNLP resta depuis le cadre organisationnel d’unité des libres penseurs.
Notre camarade Françoise Cambie avec l’humour et le talent qu’on lui connait expliqua les questions relatives à la laïcité en Belgique et montra à quel point la coopération internationale est indispensable.
Dévrig Molles, historien d’Argentine, dans sa brillante communication « La Libre Pensée en Amérique Latine » dressa un panorama vivant des personnalités qui se consacrèrent à la Libre Pensée, notamment avec le Congrès international de Buenos-Aires en 1906 ; les itinéraires, les problèmes, les questions à résoudre nous ont semblé terriblement actuels ! La place des Francs-maçons fut particulièrement mise en valeur. L’influence de la Révolution française également. Comme le matin, une discussion brève mais libre et passionnée put avoir lieu.
Dans sa riche conclusion, Elbio Laxalte Terra, porte-parole de l’AILP, d’Uruguay, traita de « La Libre Pensée dans le carrefour du futur » « La Libre Pensée n’est pas une idéologie, ni un dogme du type religieux ou philosophique. Comme nous avons signalé avant, c’est une sensibilité, une position, une attitude, une méthodologie, pratiquée par des personnes des domaines les plus divers, comme des positions philosophiques et idéologiques ou des croyances différents, mais avec des éléments communs ». Pour autant, le libre-penseur doit-il être libre comme Diogène en son tonneau et se comporter comme un ermite méprisant le monde alentour ? Non. « Les libres penseurs soutiennent que la libre pensée ne peut pas rester cantonnée seulement au niveau personnel, puisque l’attitude libre-penseuse a des connotations civiques et politiques très importantes ». Elbio amorça également la manière avec laquelle « nous établirons à notre tour le pont nécessaire entre les luttes du passé, celles d’aujourd’hui et celles qui se dérouleront sûrement à l’avenir ».
Avec une grande délicatesse de nos amis intervenants, toutes les communications eurent lieu en français pour éviter les problèmes techniques de traduction. Ils avaient décidemment pensé à tout !
Les participants qui le souhaitaient purent visiter les locaux de l’IRELP avant le banquet, jeter un œil à nos fonds, y compris la bibliothèque et, éventuellement, faire quelques achats. Certains d’entre eux ont indiqué vouloir travailler avec l’IRELP ; tant mieux, car le travail ne manque pas.
La journée se termina avec un banquet fraternel de plusieurs dizaines de convives, dont des représentants d’associations amies venus saluer l’IRELP dans un fort sympathique restaurant parisien et dans l’ambiance que l’on peut deviner. Par quelques mots de bienvenue, le Président de l’IRELP s’efforça de dégager des perspectives de travail qui nous attendent. En effet, lors des échanges internationaux préparatoires au colloque, une idée était apparue : « créer un réseau souple et interactif » au niveau international pour permettre une coopération des chercheurs et des centres de recherche, l’IRELP mettant son expérience de vingt ans au service de tous. L’appel international lançant cette initiative a été signé largement par les participants au colloque et circule maintenant. Echanges fructueux entre militants et discussions amicales jalonnèrent la fin de cette journée et c’est très bien ainsi.
Sur tous les plans, ce colloque qui nous était apparu nécessaire marque un tournant dans la vie de l’IRELP et constitue tout autre chose qu’un classique anniversaire. La parution des Actes permettra aux participants et aux absents d’en prendre la pleine mesure. Même si les participants ont eu le privilège d’en savourer in vivo la réalité.
Jean-Marc Schiappa
Bon de souscription
Actes du Colloque international de l’IRELP du 22 juin 2019
De la diversité des appartenances à l’unité des convictions dans la Libre Pensée »
Sommaire : Introduction ; «Présentation du colloque » Jean-Sébastien Pierre (Président de la FNLP) ; « Jean-François Varlet, Enragé sous la Révolution, libre-penseur en 1830 » (Minah Yesfsah, Administratrice de l’IRELP) ; « Les parlementaires de Seine-Inférieure et la Libre Pensée » (Ryad Bendif, Administrateur de l’IRELP) ; « Jean Zay, ministre et libre-penseur » (François Marlin, docteur en histoire, biographe de Jean Zay) ; « Le libre-penseur Marc Blondel » (Jean Jayer, administrateur de l’IRELP, ancien membre du Bureau Confédéral de la CGT-Force Ouvrière) ; « La théorie Évolutionniste et l’idée libre évolutionniste en Russie dans le passé et dans le présent » (Mikhail Konashev, Union de Saint-Petersbourg des savants) ; « Le moment prolétarien de la libre pensée française (années 1920-1930) » (Laura Pettinaroli, Maitresse de Conférences, ICP, Paris) ; « la Laïcité en Belgique » (Françoise Cambie, Cercle de Libre Pensée, Belgique) ; « La Libre Pensée en Amérique Latine » (Dévrig Molles, historien, Argentine) ; « Conclusion » (Elbio Laxalte Terra, porte-parole de l’AILP, Uruguay) ; « allocution au banquet » (Jean-Marc Schiappa, Président de l’IRELP) ; appel international.
Dix euros à adresser par chèque bancaire à l’IRELP ( 204 rue du Château des Rentiers 75013 Paris ), en indiquant :
Nom
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